"L'annonce aux abeilles"
C’est principalement en Europe que la coutume de l’annonce aux abeilles existe. En effet, il s’agit d’annoncer un évènement important (mariage, naissance, décès) aux abeilles.
Aussi, la coutume demandait de prévenir les abeilles même lorsque des voyages de longues durées étaient prévus !
Cette tradition nous vient surtout d’Angleterre et a été grandement observée en Irlande, au Pays de Galles, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Suisse et aux Etats-Unis.
Les croyances populaires révélaient qu’en cas d’oubli de l’annonce aux abeilles, empêchant ainsi les abeilles de traverser leur deuil, de terribles événements surviendraient (mort des abeilles, absence de production de miel, départ des abeilles).
L’annonce aux abeilles semble respecter un processus bien précis pour pouvoir mettre les abeilles en deuil.
C’est dans l’ouvrage de 1901 de Samuel Adams Drake, intitulé A book of New legends and folk lore in prose and poetry, que ce rituel est décrit.
- Le proche du défunt doit aller déposer un tissu noir sur la ruche, symbole de deuil ;
- En même temps il doit chantonner un air lugubre.
La personne chargée de prendre soin du défunt pouvait alors reprendre par exemple :
- Un air anglais : « Le maître est mort, mais, ne partez pas, votre maîtresse sera une bonne maîtresse pour vous. »
- Un air allemand : « Petite abeille, notre seigneur est mort, ne me laisse pas dans ma détresse ».
Le chef de famille pouvait aller jusqu’à la ruche, frapper délicatement dessus pour s’assurer de la présence des abeilles et leur annoncer à voix basse la disparition du défunt.
L’annonce aux abeilles va bien plus loin que le simple fait d’avertir les abeilles de la disparition de leur soigneur. Il y avait toute une cérémonie de mise en place pour leur permettre d’entamer leur deuil. Certains foyers avaient à cœur d’amener les abeilles à la cérémonie d’obsèques.
Lorsque l’apiculteur perdait la vie, les provisions étaient déposées devant la ruche, mises à la disposition des insectes. La ruche était surélevée de quelques centimètres avant d’être reposée au sol au moment où le cercueil du défunt était inhumé.
En France, le rite imposait aux proches du défunt d’enterrer l’un de ses vêtements sous les ruches. Il était aussi formellement interdit de vendre, donner ou de se séparer des abeilles du défunt.
Les jardins royaux de Buckingham Palace accueillent 7 ruches de près de 20 000 abeilles chacune. Lors de la mort de la Reine Elizabeth II, c’est l’apiculteur de la défunte qui a eu la lourde tâche d’annoncer son décès aux insectes.
Il a alors déposé des rubans noirs sur les ruches comme le demande la coutume puis il s’est mis a chuchoter aux abeilles pour leur annoncer la triste nouvelle et leur a expliqué que leur nouveau gardien serait désormais Charles III.
Cette tradition peu faire sourire, toutefois, les abeilles savent reconnaitre les personnes qui prennent soin d’elle, comme tous les animaux.